Le détroit de Gibraltar, un corridor migratoire crucial pour de nombreuses espèces d’oiseaux, observe des fluctuations préoccupantes dans la population de vautours fauves (Gyps fulvus) utilisant cette voie. Depuis le lancement du programme de recensement de l’espèce à Jbel Moussa, au nord du Maroc, en 2015, réalisé par les membres d’AMPOVIS en collaboration avec l’ANEF, les résultats pour 2024 sont particulièrement alarmants. En effet, seuls 4 276 individus ont été recensés durant la migration postnuptial entre octobre et décembre 2024, ce qui représente une diminution de 46,6 % par rapport à 2023, année où 8 009 vautours ont été dénombrés.
Une tendance à observer
L’analyse des données récentes effectuée par le Centre de documentation et de recherche ornithologique (CDRO) met en évidence une tendance alarmante concernant les vautours fauves. En 2023, le décompte de 8 009 vautours fauves signalait une évolution favorable par rapport à 2021. Toutefois, les chiffres de 2024 révèlent une diminution significative.
Les années antérieures affichent également des variations significatives :

Causes possibles de variabilité
Plusieurs facteurs peuvent éclairer cette tendance préoccupante. Le changement climatique, en perturbant les courants thermiques essentiels à la migration des vautours, pourrait avoir un impact significatif. De plus, des études réalisées en Espagne suggèrent que les populations hivernantes de vautours fauves semblent croître dans les régions méridionales du pays. Cependant, cette augmentation peut également être influencée par des variables telles que la disponibilité de la nourriture et les mesures de conservation instaurées.
Conséquences environnementales
Les vautours fauves, considérés comme migrateurs au Maroc et dont la population reproductrice est restreinte, jouent un rôle crucial dans le maintien des équilibres écologiques. Les fluctuations du nombre de vautours fauves traversant le détroit de Gibraltar peuvent engendrer des répercussions écologiques significatives. Ces rapaces sont essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes, car ils facilitent l’élimination des carcasses, limitant ainsi la prolifération des agents pathogènes. Une diminution persistante de leurs migrations pourrait perturber ces écosystèmes, entraînant des conséquences imprévues sur la biodiversité locale.
À la lumière de cette situation préoccupante, AMPOVIS, en partenariat avec le CDRO et l’ANEF, s’engage à surveiller les circonstances et à poursuivre le programme annuel de recensement des oiseaux de proie migrateurs à travers le détroit de Gibraltar.
